mercredi 21 octobre 2015

Une place à prendre, la série TV



 A moins de vivre sur une planète lointaine, vous n'êtes pas sans savoir qu'avant de se lancer dans la saga des Cormoran Strike, J. K. Rowling nous avait fait la joie de livrer un roman des plus singuliers. Inutile de revenir sur ce chef-d'œuvre dont vous pouvez trouver une critique complète dans un article spécial.


  Début 2015, la BBC à produit une version télévisée de ce roman. Une mini-série de trois épisodes réalisés par Jonny Campbell. L'excitation était palpable avant la diffusion et les premières images rendaient un bel hommage au roman. Alors qu'en est-il vraiment ?



Dans l'ensemble, "The Casual Vacancy" est une bonne série qui se laisserait regarder un dimanche après-midi. On pourra cependant regretter que le public visé ne soit pas nécessairement jeune (BBC TV Drama !). Mais le scénario est plutôt bien tenu, les acteurs sont bons, l'image est bonne pour un petit budget télé (on notera le symbolisme derrière la composition de certains plans) et la partition musicale est très réussit. De ce fait, la série est à recommander, bien qu'elle ne vous marquera pas éternellement, comme l'avait fait le roman.

 Bonne adaptation ? Et voilà, c'est ici que ça coince... Faire d'"Une place à prendre" un film était une mission quasi-impossible, le format série semblait le plus adapté. Mais alors, pourquoi seulement trois épisodes ? Cela revient à trois petites heures de programme, autrement dit, un gros film. Seulement le roman se compose de plus de 600 pages et met en scène un nombre incalculable de personnages et d'intrigues qui s'entremêlent...

 Certains personnages ont donc simplement étaient mis à la trappe (comme Gavin) et les intrigues ont été simplifiées, voir complètement épurées ! Si bien qu'on ne saisit plus très bien quels sont les multiples liens qui unissent les personnages entre eux, ce qui faisait la force principale de cette histoire qui n'était ni plus ni moins que l'analyse d'un petit réseau humain bien tassé. En outre, cette simplification tourne en ridicule le débat politique qui porte l'histoire. Si Rowling avait pu se montrer subtile dans son approche, donnant des raisons à chaque parti, il n'en est rien ici. Les vieux de la droite deviennent de simples méchants tandis que la gauche se montre tout à fait humaine. Une vision presque enfantine de la politique, ici tournée au dérisoire. Le roman nous plongeait tellement dans l'intimité de chaque personnages et dans ses motivations que même si ses passions et ses ambitions étaient petites et ridicules (tout le propos réside ici) le lecteur y croyait dur comme fer et se sentait pleinement concerné par le combat qui animait alors la petite ville. Ce petit vote semblait primordial, essentiel ! Ici, il n'est rien de plus que ce qu'il est ; une façon de brasser de l'air pour des villageois qui s'ennuient et qui ont des avis politiques très tranchées. Tout devient catégorique, presque cliché. Et c'est bien dommage car tout le génie de J. K. Rowling était là : elle exploitait son sujet sans tomber dans le cliché et en donnant de l'intérêt à des petites choses et de mauvaises choses.

 L'une des intrigues est plutôt bien retranscrite : celle de Krystal Weedon. Si bien que pour un non lecteur, il est évident qu'avant la fin, la jeune fille aura une place centrale, tant on s'intéresse à elle dès le début (ce qui une fois encore, n'était pas le cas dans le roman). On regrettera aussi que le final de cette intrigue soit édulcorée, beaucoup moins sombre que prévue. C'est d'ailleurs à l'image de l'adaptation en général. Le roman jouait avec tous nos vices, n'hésitait pas à élever la violence et traiter de sujets assez sombres. Perfidie, ambition, sexe, drogue, bagarre, vengeance, pessimisme... Le livre était très agressif, parfois dérangeant. La série ne l'est pas. Tour ces défauts relèvent bien sûr de l'écriture, et la scénariste se nomme Sarah Phelps (néanmoins, le format trois épisodes n'est évidemment pas de son fait...)
 On notera enfin un manque de réalisme par moment, notamment autour de l'univers "jeune", les looks, la mise en scène d'internet, les réactions et le langage semblent assez peu renseigné... Là où Jo prouvait qu'elle connaissait aussi bien les jeunes que les vieux et qu'elle comprenait tous les bords.


 Dans l'ensemble, je dirais que la série n'est à recommander qu'aux curieux ! Et si vous n'avez pas encore lu le livre, inutile de vous aventurer dans cette adaptation ! Attrapez le roman de toutes urgences ! Vous ne le regretterez pas !

Article annexe :


J.K Rowling sans Harry Potter
Critique d'"Une Place à Prendre" et "L'appel du Coucou"



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